Marcel BOVIS Maison de La Photographie Robert Doisneau

Exposition d'art

MARCEL BOVIS
6X6

présentée du 6 février au 26 avril 2015 à la Maison de la Photographie Robert Doisneau à Gentilly
Et du 30 janvier au 1er mai 2016 aux Essar[t]s de Bram

commissaires d’exposition
MICHAËL HOULETTE
et MATTHIEU RIVALLIN

EXPOSITION COPRODUITE PAR LA MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE ROBERT DOISNEAU, GENTILLY - CAVB ET LA MÉDIATHÈQUE DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE, PARIS EN COLLABORATION AVEC LA VILLE DE BRAM.

Maison de la Photographie Robert Doisneau

DU MERCREDI AU VENDREDI 13H30 / 18H30
1, rue de la Division du Général Leclerc  94250 Gentilly, France

SAMEDI ET DIMANCHE 13H30 / 19H00
FERMÉE LES JOURS FÉRIÉS
www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr

tél : +33 (0) 1 55 01 04 86

Image

Graffiti et chaussures blanches, La Rochelle, 1938
© Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture et du
patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Marcel Bovis

 L’exposition et le catalogue qui l’accompagne présentent un ensemble d’images réalisées à partir des négatifs originaux de Marcel Bovis conservés par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine. Le photographe fit en effet don à l’Etat le 31 janvier 1991 de l’ensemble de ses archives.

  La fête boulevard Rochechouart, Paris, 1945
 La fête boulevard Rochechouart, Paris, 1945
© Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture
et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Marcel Bovis
Une première lecture de ces archives révèle la prédominance d’un format dans l’oeuvre de Bovis : le « 6 x 6 ». Celui-ci représente plus de la moitié des négatifs noir et blanc, soit près de 10 000 clichés, produits par l’auteur au cours de trente années de carrière. Une analyse plus approfondie met en évidence chez lui une exploitation systématique des propriétés de ce format, une recherche et un sens de la « composition correcte et définitive » à l’intérieur d’une géométrie carrée au moment du déclenchement.

C’est ce regard primordial, cette expression de « l’instinct, de la volonté et de la sensibilité » derrière le viseur qui est proposée ici.
Montrer ces images dans leur cadrage initial permet en effet d’accompagner le photographe dans sa relation au sujet, de le découvrir dans son rapport à l’appareil photographique et de le deviner, peut-être, dans ses intentions et réflexions au moment de la prise de vue.
 La queue pour le bus, Londres, 1947
 La queue pour le bus, Londres, 1947
© Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture et du
patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Marcel Bovis
Certaines de ces photographies n’ont jamais été reproduites dans cette intégrité, d’autres n’ont tout simplement pas été publiées au grand regret de Marcel Bovis qui a pourtant multiplié les projets de publications et d’expositions. Toutes ont été clairement revendiquées dans cette forme par l’auteur qui a soigneusement préparé sa donation et la postérité de son travail.

Marcel Bovis
Formé à l’Ecole Nationale des Arts décoratifsdeNice,MarcelBovis (1904-1997) devient décorateur aux ateliers d'art des Galeries Lafayette. Mais cet homme de l’art se montre surtout homme des arts, autodidacte passionné, dessinateur qui joue de l’accordéon, peintre qui maîtrise la gravure. En 1933, il publie ses premières images dans Scandale et illustre Les Suicidés, un roman-feuilleton de Georges Simenon. En août 1936, il rencontre André Lejard, rédacteur de Arts et Métiers Graphiques, et entame une longue collaboration avec cette revue.
Après la guerre, il bénéficie de missions photographiques d’importance pour le Commissariat général au tourisme ou l’administration des Monuments Historiques et fonde le Groupe des XV en compagnie de René-Jacques, Daniel Masclet ou encore Willy Ronis.
L’association tente alors de faire reconnaître l’art et le statut du photographe, défendant les valeurs et les droits de la profession.
Marcel Bovis organise en 1947 la première rétrospective consacrée à l’oeuvre de l’américaine Berenice Abbott et rédige la même année  La Photographie de paysage et d’architecture.
Il publie désormais de nombreux articles pour différents magazines comme Photo-Revue ou Photographie nouvelle. Sa carrière professionnelle terminée,
Marcel Bovis l’historien signe les chapitres techniques d’ouvrages comme 150 ans de photographie française en 1979, Histoire de la photographie en 1986 ou Les appareils photographiques français en 1993.
 
 Rolleiflex Old Standard datant de 1934 avec un objectif Tessar Zeiss f/3.5 .
 Rolleiflex Old Standard datant de 1934 avec un objectif Tessar Zeiss f/3.5 .
Collection du Musée Français de la Photographie

 Rolleiflex
Le 18 août 1933, Marcel Bovis achète son premier Rolleiflex 6 x 6, appareil qui lui apparaît très vite comme outil idéal :

« Ainsi armé, je fis beaucoup de photos. Libre, je pouvais me promener à ma guise. ».
Pratique, de relative petite dimension, le Rolleiflex n’emploie pas de plaques négatives en verre mais un large film en celluloïd permettant d’obtenir les fameuses vues d’environ 6x6 cm, format qu’il va au  demeurant contribuer à généraliser. Un film qui, allège le matériel et le réduit à son strict essentiel : l’appareil et quelques rouleaux. Un film qui facilite les préparatifs et qui, par la même occasion, libère le photographe dans ses mouvements. Un film qui prolonge également son « autonomie » en multipliant le nombre de vues sur un même support ; chaque bobine pouvant produire pas moins de 12 images dès 1932.

Le Rolleiflex et les autres appareils dits« 6 x 6 » ne procurent pas tant l’impression de capter une réalité que de composer une image.
C’est avant tout un effet de distanciation que génère ce dispositif qui, posé contre l’abdomen, ne prolonge pas la vision mais projette sur un plan perpendiculaire à la scène photographiée une image dont le sens gauche-droite est de surcroît inversé. Marcel Bovis qui apprécie cette façon de voir trouve bientôt son propre vocabulaire dans la symétrie carrée du viseur, ce format « assez rationnel » dit-il et qui évacue la question du choix vertical ou horizontal de l’image. Chaque scène est ainsi interprétée, organisée à l’intérieur d’un gabarit uniforme qui isole les détails et souligne les structures graphiques. « Il faut voir le sujet sous un angle abstrait » recommande Bovis dans ses manuels. Si Bovis déploie une écriture formelle, il ne cherche pas pour autant le seul dessin ni le dépouillement par élimination d’un hors champs encombrant. Ce sont au contraire les images riches de signes qu’il affectionne.

 

Liverpool Station, Londres, 1947
 Liverpool Station, Londres, 1947
© Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture et du
patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Marcel Bovis
Il parle volontiers de sensations à propos de ses photographies qui sont faites pour « mémoriser tout ce que je voyais et me touchait profondément pour des raisons indéfinissables ». Les combinaisons de lignes, de masses et de valeurs traduisent moins l’essence de ses sujets qu’elles ne trahissent une résonance intime et un rapport contemplatif au monde : c’est pour convoquer des souvenirs d’enfance qu’il photographie les baraques de fêtes foraines dans les années 1930 et pour « concrétiser une ambiance » qu’il réalise de nuit, en 1955, un étonnant reportage sur les GrandsBoulevards parisiens.
C’est à travers l’équilibre trouvé, la réalisation de l’image complète et parfaite au moment du déclenchement que s’exprime la délicatesse d’écriture de Marcel Bovis.