Fanny Begoin : Une goutte de lumière sur un océan dénudé
par Jean-Paul Gavard-Perret
Fanny Begoin donne rendez vous à ses modèles chez eux ou à leur atelier lorsque je réalise des portraits d'artistes. Elle partage un moment avec celui-ci, discute, explique puis la séance commence selon une recherche patiente, minutieuse et perfectionniste jusqu'à ce que le modèle s'oublie, se dévoile dans la fragilité de moment de solitude.
Travaillant toujours à l'argentique l'artiste y s'inscrit une quête d'images « empreintes » du banal. S'installe de ce fait lors de la prise de vue moins des mises en scènes qu'une manière de rejouer le quotidien a minima. S'y perçoit par effet de surface des profondeurs cachées en une célébration tacite, un acte étrangement pieux.
Cela provoque une traversée incertaine dont l'avenir comme l'origine demeurent une interrogation. Elle crée tout le charme de l'œuvre. L'instant redevient lieu qui lui-même retourne à l'invisible. S'impose le pouvoir d'étrangeté d'un infini presque tactile. C'est là qu'il monte, qu'il déborde face au danger du temps qui court forcément à sa perte. En bougeant il nous pétrifie. C'est l'idole dont ne se saisit que le creux.