David Nash Galerie Lelong

Exposition d'art

Vue d’exposition David Nash : Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

David Nash Black & Red : Bronze & Wood
19 janvier – 17 mars 2012
Galerie Lelong

13 rue de Téhéran
F-75008 Paris
France
T. 33 1 45 63 13 19
F. 33 1 42 89 34 33
info[at]galerie-lelong.com        
www.galerie-lelong.com
Pour sa troisième exposition à la Galerie Lelong, David Nash a choisi le titre-manifeste : Noir et rouge, bronze et bois. Ces deux couleurs sont celles qu’il aime faire contraster dans la plupart de ses récentes sculptures en bois et ce sont celles qui dominent avec force ses nouveaux dessins et pochoirs. Le noir du bois carbonisé en surface était une sorte d’emblème de David Nash. Il est maintenant exalté par sa confrontation au rouge vif.

 Vue d’exposition : Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

 Vue d’exposition : Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

Ces deux matières, bois et bronze, sont celles auxquelles il se consacre désormais, établissant une liaison subtile entre elles: le bois reste son matériau de prédilection, celui de la création première, mais le bronze – travaillé à partir du bois – devient une façon de réaliser des œuvres jouant des vides du bois (Inside/Outside) ou de conférer une puissance durable et monumentale à des œuvres fragiles. C’est dans une fonderie du Pays de Galles (où se trouve l’atelier de l’artiste) que sont élaborées ces nouvelles œuvres.
En 2010, une exposition magistrale au Yorkshire Sculpture Park, en Angleterre, a rencontré un très grand succès populaire et a permis de prendre la mesure de l’ampleur, de la variété et de la cohérence de l’œuvre de l’artiste (né en 1945).

La librairie de la galerie présente des pastels et fusains sur papier, des pochoirs et des multiples en bois.
Catalogue Repères n°152, texte de Thierry Dufrêne

 
David Nash Cuts Up, 2011Séquoia, 9 parties198 x 20 x 21 cm chaque / ensemble : 198 x 262 x 21 cm

David Nash
Cuts Up, 2011
Séquoia, 9 parties
198 x 20 x 21 cm chaque / ensemble : 198 x 262 x 21 cm
Copyright Galerie Lelong & artist

DAVID NASHH : MATIERES-TEMPS
DE L’EPHEMERE A LA DUREE par Jean-Paul Gavard-Perret

L’œuvre de Nash fait éprouver des sensations contradictoires. Elle peut même créer un " malaise ". Il tient à l’âpreté langagière du dialogue intime avec le végétal. De ce que Baudelaire nomme le « merveilleux cloaque » il ne faut retenir que le merveilleux, puisque l’originalité du créateur tire ses vertus de ses origines dans la nature. Il la reconsidère afin d’en faire une sorte d’herbier non à la manière d’un scientifique (même si une expérimentation a lieu) mais d’un poète inimitable par la délicatesse et la rigueur extrêmes de son approche.

Nullement prisonnier d’explications l’artiste se livre à l’appréhension de la nature parfois en l’ « isolant », parfois e n l’ « exposant » mais sans la « dénaturer ». Il y réussit en revenant toujours afin de boire à son eau. Au sein de l’œuvre tout reste dans le suspens et le précaire. Le bois lui-même - objet de base dans l’œuvre - rejoint une forme de fragilité de la matière. L’artiste le prépare et le met en scène in situ ou en en atelier dans une écoute attentive des éléments qu’il travaille. Il tient toujours compte des structures naturelles pour créer un vocabulaire spécifique et ses « mises en situation ».

 
David NashTwo Mountains, 2011Séquoia, 2 parties292 x 101 x 6 cm / 112 x 154 x 6 cmCopyright Galerie Lelong & artist

David Nash
Two Mountains, 2011
Séquoia, 2 parties
292 x 101 x 6 cm / 112 x 154 x 6 cm
Copyright Galerie Lelong & artist

Formé sur la scène londonienne l’artiste s’est « exilé » au Pays de Galles dans le val de Ffestiniog où, enfant, il passait ses vacances d'été. Cette décision dictée à l’origine pas des nécessités financières est intervenue de manière essentielle dans son œuvre. Retournant à la nature et à une certaine solitude Nash retrouva un lien spirituel avec elle. Il s’est rapproché d’un certain sacré dans l’humain en retournant vers un langage primitif pour donner au bois des formes simples.

Pour y parvenir Nash s’est formé à l’agriculture et ses techniques. Il retrouve alors un rituel premier, travailler le bois in situ tout en observant le travail des paysans afin d'intégrer les différentes techniques dans son travail artistique. Le dessin « Wood Quarry » (1981) montre avec détail les divers coups qu'on peut donner à un arbre pour réutiliser chaque partie : les branches, le tronc, les racines.

 
David NashKing and Queen, 2011Bronze, ed. of 330 x 20 x 15 cmCourtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

David Nash
King and Queen, 2011
Bronze, ed. of 3
30 x 20 x 15 cm
Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

Le bois n’est plus considéré comme vestiges de la nature mais en tant que « pierres d’attente » pour un futur plus ou moins immédiat. A la luxuriance verdoyante du paysage extérieur tout en collines du Pays de Galles font place des éléments de recueillement. Tirées du rythme des saisons les arbres deviennent bien plus que le prétexte à la « sculpture ». Certes ils en constituent la matière et les formes mais expriment aussi la ténuité de l’être et de l’art.

Une expérience sensorielle liée à la trace est toujours présente. L’artiste comprend que derrière la forme il y a la matière. A partir de ce constat tout change. Le bois devient une matière de résurrection. Il est travaillé comme un matériau précieux afin de rapprocher le manuel et le spirituel, l’art de la nature à travers des aspects qui ponctuent l’œuvre : les échelles, les travaux vivants et les cheminées.

Les premières sont déclinées dans des dimensions, typologies et matériaux variés. Elles regroupent l’architectonique et le formel. Sa « Willow Ladder » (1978) est une mince échelle composée à partir de branches vivantes. Elle exprime un geste minimaliste de la part de Nash. Sa démarche est ici de prolonger la croissance naturelle de l'arbre. Il trouve aussi la possibilité de produire une riche diversité d'échelles où la forme, dans ses variations, réussit à comprendre l'espace de l'œuvre et celui où elle se situe. A l’inverse et à partir du même motif des pièces telles que sa « Big Ladder » (1984) construite à partir d'un grand tronc qui se prolonge en hauteur acquiert la place principale de monument. La forte présence visuelle de l’œuvre en fait une sorte d’abstraction totémique au sein du paysage.

 
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David Nash
Red Column, 2011
Pastel et fusain sur papier
153 x 91 cm
Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

Les « travaux vivants » répondent à une autre nécessité. Avec « Ash Dome » Nash montre comment réutiliser les déchets produits par la nature. En 1983, les arbres d'un terrain de son grand-père sont élagués : ils donnent d’abord suite à une série d'œuvres nées de la recollection des branches et des troncs selon une stratégie que l’artiste belge Bob Verschueren reprendra et théorisera au début du XXIème siècle. De la nature l’artiste tire ainsi bien plus qu’un chant du cygne. Refusant un simple embaumement ou une momification il offre de l’éternité à l’éphémère le plus ténu. D’où la sophistication de l’art là où on l’attendait le moins. L’objectif est capital. Il s’agit de conserver à l’objet son désir sans le réduire à une apparence, à une image. Le propos est d’offrir aussi l’intact d’une sensation visuelle quasi primitive.

L’artifice de « conservation » est donc exclu. Cependant Nash va créer dans ce terrain déboisé du grand-père un nouvel espace avec 22 frênes plantés en forme de cercle. Il choisit cet arbre du fait de son caractère résistant ainsi que du modelage facile qu'il permet. À mesure que les arbres vont grandir Nash modèle la forme dans laquelle poussent les branches en faisant appel aux techniques traditionnelles. Et des photographies témoignent de ces différentes vies. Elles sont là afin de montrer l’introduction de l’art dans le cycle de la nature en intégrant les déchets de la mort ainsi que le processus vital.

 
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David Nash
Embedded Crack and Warp Column, 2011
Eucalyptus
156 x 54 x 53 cm
Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

Son travail sur la cheminée démontre l'adaptation totale à la géographie et à la culture où s'installent les œuvres. Avec « Sticks and Clay Stove » au milieu d’une forêt en Hollande apparaît une cheminée mise en œuvre à partir d'un gros tronc ou de petits troncs alignés. Au Japon avec « Snow Stove » en Angleterre avec « Sea Hearth » il crée des cheminées qui transcendent leur rôle utilitaire. En tant qu'outil, le feu est capable de transformer la texture du matériau ainsi que de faire varier l'état des éléments. Ainsi, l'œuvre se tient à partir de ce processus en marche et le feu montre sa force destructive ainsi que sa capacité régénératrice.

Comme souvent avec le land-art de telles œuvres monumentales conduisent vers la spiritualité des peuples premiers. Plus qu’un objet Nash veut offrir un geste de relation de l’homme et de son espace dans un processus comparable au rythme vital. La plupart de ses œuvres restent des sortes de tertre ou totem et symbolisent t la conception de la vie en terme de croissance mais aussi de cycle. La vie sous forme de déchets s'élève pour ensuite s'écrouler de nouveau mais aussi afin de redevenir matière d'un nouveau projet.

Proche de Verschueren et de Smithson, le Britannique développe ainsi toute une entropique de l’art en de nouveaux monuments alternatifs par différents systèmes de conversions et de reconversions. Mais s’il intervient sur le réel c’est avant tout pour lui donner une autre essence vitale par delà tout prétexte symbolique ou métaphorique. Nash crée des transmutations sans recours à la transubstantiation jusqu’à un temps récent.

 
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David Nash
Red over Black, 2011
Pastel et fusain sur papier
163 x 132 cm
Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

Désormais celui qui était proche de l’Arte Povera et du Land Art déjà cité  l’artiste les dépasse comme il déplace ce qu’on pourrait appeler un art écologique. Avec l’intrusion de matières plus nobles – le bronze traité de manière minimaliste - on le situera plus légitimement vers les artistes du dépouillement, de l’ellipse et de la simplicité. Et si son oeuvre s’inscrit totalement dans les problématiques de l’art contemporain elle n’en épouse pas pour autant les modes.

Les célébrations «texturologiques» du créateur reste donc  la manière de s’extraire autant du temporel que de l’anecdote afin de rejoindre un monde d’universaux. La matière devient actrice de sa transmutation et de sa présence. L’éphémère n’en finit pas de rejoindre une transcendance. Ce qui est préservé pour un temps – pour un temps seulement - nous dit de vivre une autre vie. Et nous montre un dévoilement vers l’indévoilable dans des lieux d’impénétrables proximités.

Dans les expérimentations de Nash  rien de ce que nous rencontrons en la nature est laissé au-dehors de l’attention des sens et du sens. La lenteur et la vitesse ont partie prenant dans cette recherche. Pourquoi les séparer ou pourquoi les unir ? L'artiste ne tranche pas. Une vie errante demeure dans un désir pur, sous-tendu d'un âge d'or de la plastique et de la nature qui anime toujours l'acte de créer : ouvrir, "opérer" afin de faire surgir des images sourdes, profondes proche désormais du travail d’un Louis Chavignier.

Imagination et “ naturalisme ” cohabitent donc de manière active. Et chez ce nouveau Rousseau l'esprit d'analyse et de synthèse - marque une lucidité qui ne se satisfait pas d’elle-même. Mais parallèlement s’exerce un abandon à l'instinct. Il donne à l'œuvre sa force d'existence. Un tel travail recueille toutes les interrogations, toutes les naissances. Il lui faut de la durée, c'est-à-dire, des épreuves en nombre pour que le "grand poème" prenne forme idéalement et que tous ses préparatifs sur lesquels s'est arrêté Nash  participent au corps poétique.

Mais celui-ci implique aussi le provisoire car la beauté que retient un temps l'artiste n'est pas sans rappeler ce que Baudelaire écrit. Elle contient en effet “ La douceur qui fascine et le plaisir qui tue ”. L'oeuvre a donc la même beauté que la passante baudelairienne. Elle garde comme elle la même instance de passage et de disparition. Preuve que créer n'éloigne pas l'énigme.

Jean-Paul Gavard-Perret .

BIOGRAPHIE DAVID NASH

David Nash est né en 1945 à Esher en Angleterre. Il vit et travaille à Blaenau Ffestiniog, dans le nord du pays de Galles.

2012
Galerie Lelong, Paris - FRANCE

2011
Parc de sculptures du Yorkshire, Wakefield - ROYAUME UNI

2010
Royal academy, Londres – ROYAUME UNI

2009
Abbot hall art gallery, Cumbria - ROYAUME UNI

2008
ALTANA Kulturstiftung, Bad Homburg - ALLEMAGNE

2006
Konstruktiv Tendens, Stockholm - SUEDE

2005
Musée d’Angers, Angers - FRANCE
Kunsthalle Würth, Künzelsau - ALLEMAGNE

2004
Royal Academy of Arts, London – ROYAUME UNI
Tate St Ives, Cornwall – ROYAUME UNI
Galerie Lelong Paris - FRANCE

2003
Gerhard Marcks Haus, Bremen - ALLEMAGNE
New Art Centre Sculpture Park, Roche Court – ROYAUME UNI

2002
Galerie Lelong, New-York – ETATS UNIS

2000
Galerie Lelong Paris – FRANCE

1998
Parc Régional Tournay-Solvay, Brussels – BELGIQUE

1990
Serpentine Gallery, London – ROYAUME UNI

1985
Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo – PAYS BAS

LIVRES PUBLIES SUR L'ARTISTE

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Black and Red : Bronze and Wood par Thierry Dufrêne paru en 2012
77 pages Texte en français et en anglais
25 €uros
ISBN 9782868821003
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David Nash, At Yorkshire Sculpture Park Collectif 2010
Texte en Anglais - 176 pages
50 €uros
ISBN 9781871480825
 Image
Twmps and Eggs David Nash et Amanda Farr 2004
60 pages
25 €uros
ISBN 2 86882-069-7
 Image

Line of cut Jean Frémon 2000
24 pages
14 €uros
ISBN 2 86882-039-5

 

 

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