Ernest Pignon-Ernest
Prisons
16 janvier - 29 mars 2014
Vernissage jeudi 16 janvier à partir de 18hGALERIE LELONG
13, rue de Téhéran
75008 Paris
Tél. 33 1 45 63 13 19
www.galerie-lelong.comDésaffectée depuis 2009, la prison Saint-Paul à Lyon a « ouvert » une dernière fois en septembre 2012 pour les journées du patrimoine. Ernest Pignon-Ernest et d’autres artistes ont été invités à y intervenir.
Photo "Berthy Albrecht" : résistante, dessin à la pierre collage dans la prison Saint-Paul |
« Avant que la transformation des lieux en campus ne provoque une amnésie collective, j'ai tenté d'y réinscrire par l'image le souvenir singulier d’hommes et de femmes, célèbres ou inconnus, qui y ont été torturés ou exécutés. Dans différents couloirs, cellules, cours, je me suis efforcé d’inscrire leur visage, leur corps, d’y introduire le signe de l’humain. La prison Saint-Paul de Lyon n'est pas une prison ordinaire. Klaus Barbie y a sévi. Jean Moulin, Raymond Aubrac, de nombreux résistants y ont été emprisonnés. Au cours de l'automne 1943, deux jeunes résistants y ont été détenus et guillotinés sur ordre de Vichy. » |
Photo "Guillotine" : dessin à la pierre noire, collage dans la prison Saint-Paul de Lyon, 2012 |
Photo "Yoyos" : sérigraphie et pierre noire, collage dans la prison Saint-Paul, Lyon 2012 |
« Dans cette architecture carcérale du XIXème siècle, les murs affirment leur poids, leur pesante épaisseur ; poids de pierres, de blindage, poids d'histoire et de douleur aussi… Les murs sont coiffés de ces dentelles d'acier aiguisées et redoutables que sont les barbelés auxquels, dérisoires, pathétiques, sont accrochés, comme des insectes dans une toile d'araignée, des lambeaux de vêtements, de couvertures et des dizaines de « yoyos », ces bouteilles de plastique qu'avec l'aide d'une ficelle les détenus tentent de faire passer, en les balançant de fenêtre à fenêtre. Cette image de yoyos pendus, la lecture de souvenirs publiés et quelques dialogues avec d'anciens détenus m'ont suggéré le dessin de multiples yoyos, signes de colère, de désir, de culpabilité, de désespoir, d'amour… » |
Photo "Ecce Homo" : sérigraphie, collage dans la prison Saint-Paul, Lyon 2012 |
Dans la prison Saint-Paul, a trouvé aussi sa place l'image du Parcours Jean Genet que l’artiste avait commencé sous le Pont de Recouvrance, à Brest, en 2006. L’exposition à la galerie présentera un ensemble de photographies et dessins liés à cette intervention éphémère. Ernest Pignon-Ernest, né en 1942 à Nice, vit et travaille à Paris. Depuis plus de quarante ans il invente des images qu’il appose sur les murs des cités. Aujourd’hui, il est unanimement reconnu comme un précurseur de l’art urbain, le « street art ». En octobre 2012, le Courtauld Institute à Londres l’a invité pour une conférence intitulée : « Before Banksy : Ernest Pignon-Ernest ». |
Photo "Simon Fryd, Emile Bertrand" : résistants, dessin à la pierre noire |
Catalogue Repères préface de Gérard Mordillat. Une monographie sortira aux éditions Gallimard en janvier. à venir : à la galerie Günther Förg, peintures, à la librairie Pierre Alechinsky, Marginalia |
Photo "Parcours Jean-Genet" : sérigraphie, collage dans la prison Saint-Paul de Lyon, 2012 |
Cellules de l’art : Ernest Pignon-Ernest par Jean-Paul Gavard-Perret |
Désaffectée depuis 2009, la prison Saint-Paul à Lyon fut rouverte en 2012 avant d’être transformée en campus. Plusieurs artistes ont été invités à y intervenir. Ernest Pignon-Ernest y a proposé selon sa célèbre technique de transfert un moyen de sauver de l’amnésie collective, ceux connus ou anonymes qui y furent torturés pendant l’Occupation. L’itinéraire de son parcours est grevé de visages, corps et signes (entre autres le yoyo qui symbolise le moyen sue les détenus avaient trouvé pour faire passer des messages d’une cellule l’autre) au sein de l’architecture carcérale du XIXème siècle lourd du poids de pierres, de blindage d’acier et d’histoires douloureuses. Dans cette prison le créateur inséré l'image du Parcours Jean Genet que l'artiste avait commencé sous le Pont de Recouvrance, à Brest, en 2006. Dans cet ensemble l’artiste illustre sa formule « magique » : « Je ne mets pas des œuvres en situation, je fais œuvre de situations " (E P-E). L'exposition chez Lelong reprend photographies et dessins liés à cette intervention éphémère. Né en 1942 à Nice Ernest Pognon-Ernest hanté par les ombres (ici de la guerre comme ailleurs de Nagasaki et d'Hiroshima) crée des témoignages graphiques et photographiques accentuent la fusion entre les genres artistiques dont ils préservent les traces. Le créateur dénonce ainsi l'art construit pour les musées et expositions. A ce titre il est le maître à penser de diverses générations d'artistes qui voient non sans raison en son œuvre une manière de saisir l'essence d'un lieu. Pignon-Ernest puise en effet dans l'histoire des lieux des souvenirs mais aussi ce qu'il nomme " la lumière, l'espace " où il vient inscrire des images élaborées préalablement dans son atelier. L'artiste est clair quant à sa démarche qu'il précise de la manière suivante " au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J'essaie d'en comprendre, d'en saisir à la fois tout ce qui s'y voit : l'espace, la lumière, les couleurs et, dans le même mouvement ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l'histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique. Dans ce lieu réel saisi ainsi dans sa complexité, je viens inscrire un élément de fiction, une image. Cette insertion vise à la fois faire du lieu un espace plastique et à en travailler la mémoire, en ravaler, perturber, exacerber la symbolique ". L'artiste installe lui-même son œuvre in situ et n'hésite pas à s'inspirer et à citer les des œuvres de « modèles » (Le Caravage par exemple). Ernest Pignon-Ernest représente le prototype de l'artiste engagé dont le souci demeure d'entrer en contact avec le public. Comment dès lors le critiquer, comment oser dire qu'il y a dans ce travail une condescendance ou comme chez Boltanski une manière astucieuse de récupérer la misère humaine qu'il veut toujours veut - dit-il - « sentir cogner » ? La tache est presque impossible puisqu'à lui seul ce créateur représente le parangon de ce que l'art du temps reconnaît comme une démarche politique par excellence. On osera néanmoins affirmer qu’il existe des rapprochements à peu de frais entre réel et imaginaire. Ils font résonner à peu de frais des âmes compatibles et des âmes compatissantes en un choc émotionnel. On n’oubliera pas néanmoins que cette émotion provient - par delà l’acte d’affichage - d’un immense travail de dessinateur et de peintre. Pour chaque projet existent d'innombrables esquisses dont il faut retenir l'ambiguïté entre agression et désir, sacré et profane. Il convient donc de se projeter en amont de l'œuvre pour en comprendre la valeur et non seulement comme on se plaît à le faire à l'aval, pour ne retenir que le côté passager. Si l'œuvre ose à juste titre s'affirmer dans une histoire de deux mille ans et imposer une forme inspirée des grands maîtres italiens de la Renaissance, la violence de représentation ne surgit pas uniquement par son " collage ". La force de l'image tient par sa qualité qui accompagne de vrais actes d'accusation. La technique plastique de l'artiste fait de lui un peintre capable de créer du mythe par elle-même et en dehors de l'endroit où elle est " exposée ". C’st pourquoi l’exposition-transposition chez Lelong est tout aussi importante que le travail sur Site à Lyon. L’oublier reviendrait à laisser dans l'ombre une grande partie de la force de l'œuvre de celui qui écrit " par mon travail, je montre que je ne fabrique pas des images politiques, mais, pour reprendre la formule de Godard, que je fais politiquement des images «. Il a su en tirer partie. Jean-Paul Gavard-Perret |
QUELQUES ELEMENTS DE BIOGRAPHIE |
Ernest Pignon-Ernest est né en 1942 à Nice, France. Il vit et travaille à Paris. 2013 |
Le mercredi 19 mars de 17 h à 20 h Ernest Pignon-Ernest et André Velter signeront l'ouvrage : |
Présentation de l'éditeur :
Du plateau d'Albion à Certaldo, de Charleville à Paris, de Naples à Alger, de Nice à Soweto, du Chili à la Palestine... Ernest Pignon-Ernest change les rues du monde en œuvres d'art éphémère. Certaines de ses images, notamment les fusillés de la Commune et son Rimbaud vagabond, reproduites à des centaines de milliers d'exemplaires, sont devenues de véritables icônes des temps modernes. 360 pages, 476 ill., 220 x 300 mm, relié toile |