ORIENT EXPRESS
de Paris à Istanbul
Exposition du 7 décembre 2017 au 13 janvier 2018
Galerie Hervé Courtaigne
53, rue de Seine, 75006 Paris - France
+33 (0)1 56 24 23 00
www.hervecourtaigne.com
Erdal ALANTAR - Albert BITRAN - Lola CARR - Abidin DINO - Natalia DUMITRESCO - Simon HANTAI - Robert HELMAN - Jacques HEROLD - Alexandre ISTRATISigismond KOLOS-VARY - Orhon MUBIN - Henri NOUVEAU - André ROZSDA - Selim TURAN - Victor VASARELYDe tout temps l'occident fut fasciné par les lignes rejoignant l'Europe à Istanbul, "la Sublime Porte".
Car de tout temps cet itinéraire Paris-Istanbul fut celui de tous les échanges et de toutes les confrontations : tour à tour chemin de développement du christianisme, extrémité de la route de la soie, voie des invasions et en sens inverse, chemin des croisades ; ré-invasion par Soliman et finalement, premier segment de l'itinéraire de Chateaubriand vers Jérusalem, puis du voyage pédagogique du "Grand Tour" obligatoire pour la jeunesse aristocratique européenne.
Démarré en 1883, le service de ce train de luxe exploite cette fascination de la corne d'or et survole les aléas de l'histoire, le service ne s'interrompant qu'en temps de guerre. Ainsi le reprend-il en 1945, pour redevenir quotidien en 1947. Les tracasseries du rideau de fer et le développement de l'avion auront raison de lui en 1977.
Evidemment, les artistes, eux, ne voyagèrent pas au milieu des meubles de Prou et des panneaux de verre de Lalique.
Non, s'ils vinrent de ces régions, pour constituer la deuxième Ecole de Paris, c'est portés par un tout autre élan que celui du luxe et des plaisirs :
"Certains arrivaient parce qu'ils étaient juifs et qu'on ne voulait pas de juifs chez eux. Mais d'autres sans aucune raison de force majeure comme celle-là, et seulement parce que, naguère, Van Gogh avait eu besoin de la lumière de la France et parce que les plus surprenantes inventions de l'art, [...] s'étaient produites en France.ª Cet exode eut ses locomotives : Tristan Tzara, roumain, fondateur du dadaisme, Henri Nouveau, né dans la Transylvanie devenue ensuite hongroise puis redevenue roumaine, le Hongrois Hantaï, peintre majeur du XXème siècle, Brancusi bien sûr, toujours prêt à accueillir ses compatriotes artistes et enfin Abidin Dino, phare de la modernité turque dans le domaine de l'art, dont la modeste demeure devint lieu de rendez-vous des artistes turcs et surréalistes. |
Henri Nouveau (Brasow, Transylvanie, 1901 - Paris, 1959) |
De 1921 à 1925, il étudie à l’Académie de musique de Berlin, vient à Paris jusqu’en 1927 retourne en Allemagne au Bauhaus de Dessau, où il rencontre Klee et Kandinsky. En 1929, |
Robert Helman (Roumanie, 1910 - Paris, 1990) |
Voici un peintre au parcours peu conventionnel. Arrivé à Paris en 1927, pour étudier le droit il devient avocat. En 1939, la guerre l’oblige à se réfugier à Barcelone où il commence à peindre. Revenu à Paris, à la fin de la seconde guerre mondiale il se destine définitivement à la peinture, Helman se situe bien dans la deuxième Ecole de Paris par ses dates, sa participation au salon Réalités Nouvelles, et par son écriture dont la caractéristique est d’explorer la frontière entre la figuration et l’abstraction . Contrairement à ses compatriotes Dumitresco ou Istrati, des thèmes sont lisibles dans ses tableaux : arbre, forêt, buisson ardent, etc. Pour autant l’œuvre relève plus d’un geste que du souci de représentation, et par là-même défie les catégories. Exposé dans de nombreux pays, la fondation Cartier lui a consacré une rétrospective peu avant sa mort en 1990. |
Victor Vasarely (Pecs 1906 - Paris 1997) |
Un temps intéressé par le Bauhaus, Vasarely s’installe en France comme graphiste en 1930. Il développe une esthétique abstraite géométrique personnelle visant à utiliser dans chaque œuvre le moins possible de formes et de couleurs. Après diverses recherches et divers détours par le surréalisme, il codifie son art notamment dans sa série d’œuvres en noir et blanc des années 50. A la suite de quoi la couleur éclate à nouveau, et Vasarely s’impose comme le fondateur du mouvement de l’op’art (art optique) consacré en 1965 par l’exposition au MAM de New-York. Illusions d’optique, déformation des lignes, Vasarely déjoue le regard par la répétition d’éléments accompagnée de subtiles variations de formes et de couleurs, qui engendrent un effet « cinétique ». |
Endre Roszda (Mohács, Hongrie, 1913 – Paris, 1999) |
Commence à peindre à l’âge de 18 ans et expose à Budapest dès 1936. Un concert de Bela Bartok provoque chez lui une épiphanie, un changement complet de style. En 1938, il s’installe à Paris et découvre le surréalisme. Retour à Budapest. En 1945, il est l’un des fondateurs de l’Ecole d’art moderne en Hongrie. Après 1948, Rozsda est contraint de peindre dans le secret absolu. Fuyant la répression communiste de 1956, il revient en France. Expositions à la Galerie Furstenberg (1957, 1963, 1965), où la préface du catalogue est d’André Breton : « Ici, les forces de la mort et de l’amour s’affrontent: partout, sous le magma des feuilles noircies et des ailes brisées, des forces irrésistibles cherchent un moyen de s’échapper pour que la nature et l’esprit humain se renouvellent par le plus somptueux des sacrifices, celui que le printemps exige pour renaître. » Devenu citoyen français en 1970 il s’installe au Bateau Lavoir |
Selim Turan (Istanbul 1915 - Paris, 1994) |
Elève de l’académie des beaux-arts d’Istanbul, il y apprend notamment la leçon des arts décoratifs turcs et de la calligraphie. Diplômé et en 1941, il reçoit le premier prix de peinture d’Ankara. Proche d’Abidin Dino, il participe aux voyages de celui-ci en Union Soviétique à partir de 1941 dans les « Maisons du Peuple », et y sera primé. En 1947, à la faveur d’une bourse du gouvernement français, il s’établit à Paris. Devenu abstrait, il pratique une non-figuration d’évocation poétique à base d’une gamme sobre de bruns et de gris. Il participe au salon des Réalités nouvelles, depuis le début jusqu’en 1957 ; au salon de Mai et Comparaisons, il enseigne aux académies Ranson et Goetz de 1953 à 1983, produit des sculptures en marbres et des mobiles. Dans les années 50, on voit des expositions personnelles de ses œuvres à Paris chez Iris Clert ou Claude Bernard. |
Orhon Mubin (Istanbul, 1924 - Paris, 1981) |
Orhon Mubin arrive à Paris en 1947 pour suivre des études de Sciences Politiques. Il se met à suivre également des cours de dessins et y rencontre Poliakoff, Messagier, Atlan... Très vite, il participe aux salons des Réalités Nouvelles et de Mai. Dès cette période, ses recherches le rapprochent du mouvement de l’art informel. Sa découverte de l’expressionnisme abstrait français oriente alors sa création vers l’abstraction lyrique qui répond à ses aspirations de spontanéité et d’émotion. A Paris, première exposition personnelle en 1956 à la Galerie Iris Clert, début d’une série d’expositions internationales. Rentré en Turquie de 1964 à 1973 où il s’installe définitivement à Paris. Chez cet artiste, la couleur joue un rôle essentiel dans la dimension émotive de l’œuvre : en contemplant ses œuvres, le spectateur doit ressentir toute la dimension spirituelle voulue par l’artiste. |
Erdal Alantar (Istanbul, 1932 - Istanbul, 2014) |
Plongeur émérite et mélomane, Alantar « aime tellement la peinture que lorsqu’il transpire, il a l’impression que sa sueur est en couleur ». Il arrive en France en 1958 « pour arriver à la source » de l’art abstrait de son époque. La peinture d’Alantar témoigne d’une double culture : au-delà de l’abstraction gestuelle bien française d’après-guerre filtre l’héritage de la calligraphie ottomane, boostée par l’attirance de l’artiste pour l’élément liquide et l’audition à plein volume de chef d’œuvre de la musique classique lors de l’acte de peindre. En résulte une écriture unique qui constitue la signature de l’artiste. |
Abidin Dino (Istanbul, 1913 – Villejuif, 1993) |
Il s’agit là d’un artiste engagé très complet intéressé par la peinture, la sculpture, le cinéma, la poésie. Fondateur du « Group D » qui ouvrit l’ère de la peinture moderne en Turquie. Il travaille en Union Soviétique à partir de 1934. C’est lors de son premier voyage à Paris, de 1937 à 1939, qu’il rencontre Gertrude Stein, Tristan Tzara et Picasso. Alors que la guerre éclate il rejoint Istanbul et est exilé en Anatolie en 1941. Puis, finalement autorisé à quitter la Turquie, il arrive à Paris en 1952. La maison du couple y devient le rendez-vous de nombreux artistes et écrivains. Les Dinos étaient toujours prêts à aider les jeunes peintres, continuant ainsi d’exercer leur influence sur la peinture turque contemporaine. On peut voir en Abidin Dino une figure culte de la modernité des arts en Turquie. |
Alexandre Istrati (Dorohoï, 1915 - Paris, 1991) |
Alexandre Istrati, né en Roumanie et arrivé à Paris en 1947 avec son épouse Natalia Dumitresco. Après une brève période marquée par l’influence des Réalités Nouvelles, la peinture d’Istrati, au contraire de celles de sa femme Natalia Dumitresco à l’art très maitrisé, évolue rapidement vers l’abstraction lyrique la plus libre. L’artiste accumule les expériences, du dripping retravaillé au couteau directement sur la toile à l’exécution quasi-gestuelle dans des palettes originales mêlant des verts profonds, des violets vifs, des rouges et des jaunes intenses. D’autres périodes montreront des œuvres presque bichromes en rouge et bleu, puis la palette et la pâte s’allégeront pour donner de grandes compositions aux taches transparentes de couleurs diluées. |
Natalia Dumitresco (Bucarest 1915 – Chars 1997) |
Peintre française d’or(igine roumaine née à Bucarest le 20 décembre 1915. Elle suit les cours des suprématistes aux Beaux-Arts de Bucarest, jusqu’en 1939 où elle épouse le peintre Alexandre Istrati. Elle arrive à Paris avec lui en 1947 où ils s’établissent définitivement, accueillis par leur compatriote Brancusi qui leur prête un atelier voisin du sien. Leur amitié durera jusqu’au bout et Brâncusi désignera le couple comme exécuteur testamentaire. Après une première période influencée par les Réalités Nouvelles, Dumitresco évolue vers l’exploitation de l’enseignement de ses maitres émules de Malevitch : elle accumule les carrés dans ses toiles mais à sa manière très libre, en les représentant mêlés, entrecroisés, en perspective, au trait ou sous forme de tâches de couleurs. Plus tard Dumitresco réintroduira des motifs issus de la tra-dition décorative roumaine, tout en restant résolument non figurative. |
Jacques Hérold (Roumanie, 1910 - Paris, 1987) |
De famille juive, passe son enfance à Bucarest, entre aux Beaux-Arts en 1927. Arrive à Paris en 1930, rencontre Brauner né dans le même village que lui, et brièvement fait l’assistant de Brancusi. Première rencontre avec Breton, premiers « Cadavre exquis » avec Brauner, Tanguy et Breton : dès 1934, sous cette influence, il réfléchit sur la cristallisation, tout en procédant « à un écorchage systématique, non seulement des personnages, mais des objets, du paysage... » En 1940, réfugié à Marseille avec Brauner, Dominguez, Breton, Max Ernst, il participe à la réalisation du Tarot de Marseille. Plus tard, il brise les formes, faisant éclater le monde minéral puis se préoccupe de texture, modelant les épaisseurs de pâte et diversifiant les touches de matière. A la fin de sa vie il peint de grandes compositions, envahies de formes végétales fragmentées, avec une importance de plus en plus grande accordée à la pollinisation, la fécondation. |