Depuis quelques années, la sculpture de Jaume Plensa a pris une nouvelle dimension. Ses créations monumentales peuplent désormais les places des villes du monde entier. Témoins silencieux de l'activité urbaine, ces personnages sont constitués d'éléments de langage universels : lettres de tous alphabets, chiffres ou notes de musique.
Istanbul Blues est montrée pour la première fois sur la Place Vendôme, nouvel écrin prestigieux du parcours Hors les Murs de la Fiac 2012, en collaboration avec le Comité Vendôme. Achevée en août 2012, le personnage-silhouette haut de 6,5 mètres est fait de notes de musique d'acier peintes en blanc. Il dialoguera avec deux autres sculptures très représentatives du travail de l’artiste : Yorkshire Soul, 2011, homme de lettres d’acier juché sur une imposante pierre, et Irma’s White Head, 2008, tête monumentale en dentelle de lettres blanches.
Jaume Plensa est né en 1955 à Barcelone, où il vit et travaille. Il est représenté en exclusivité par la Galerie Lelong à Paris et New York.
Ses sculptures sont visibles en permanence sur la Place Masséna à Nice, sur la jetée à Antibes, au Millenium Park de Chicago ou encore sur le campus du MIT (Massachusetts Institute of Technology) aux Etats-Unis.
Istanbul Blues, 2012 Acier inoxydable peint en blanc 650 x 355 x 490 cm 1264 kg |
BIOGRAPHIE |
Depuis 1980, lors de sa première exposition à Barcelone, jusqu'à aujourd'hui, il a vécu et travaillé entre Berlin, Bruxelles, l' Angleterre, la France, les Etats-Unis, et il vit aujourd'hui encore entre Paris et Barcelone. Il a été professeur à l'École Nationale des Beaux-Arts à Paris et a également été chargé de cours dans de nombreuses universités et institutions d'art. Il collabore en tant que professeur invité à l'Ecole de l'Art Institute de Chicago. Son travail de sculpteur est passé par plusieurs étapes développée en grande partie avec des matériaux de récupération, de fer, bronze, cuivre, ... En 1986, il a commencé une série de sculptures en fonte, puis il a intégré des notions de lumière et de texte. Récemment, ses matériaux de fusion ont été la résine synthétique, le verre, l'albâtre, le plastique, la lumière, le béton, la vidéo et le son. Il a également une grande production d'œuvres sur papier et des gravures. A côté de son œuvre sculpturale, il collabore souvent à des scénographies et des costumes pour l'opéra et les productions théâtrales. Voir le site de Jaume Plensa |
Istanbul Blues, 2012 Acier inoxydable peint en blanc 650 x 355 x 490 cm 1264 kg |
ACTUALITES |
Exposition Le jardin des mots au Musée de Gravelines du 24 juin au 14 octobre 2012 Exposition Jaume Plensa, à Espoo Museum of Modern Art (Finland) du 14 novembre 2012 au 27 janvier 2013. Du 31 mars au 30 septembre 2012 Jaume Plensa participe à Beaufort04, Triennale d'art contemporain. Son oeuvre monumentale Yorkshire Soul I est exposée sur le site archéologique de l'Abbaye des Dunes - BELGIQUE. |
EXPOSITIONS |
2012 Galerie Lelong, Paris - FRANCE Yorkshire Sculpture Park, Wakefield - ROYAUME UNI |
Jaume Plensa Ermite IV, 2011, acier inoxydable et pierre, 150 x 120 x 90 cm Courtesy galerie Lelong |
2011 Remerciements à : |
JAUME PLENSA : MISERE ET GRANDEUR DE L’ETRE par Jean-Paul Gavard-Perret |
Les sculptures de Jaume Plensa possèdent une intensité poétique insoutenable, au milieu d'une solitude sans nom, par delà la douleur au moment où le resserrement de l'espace implique une vision de plus en plus réduite du champ « scénique ». Ce resserrement met en cause l'image que l’artiste donne de l'être et du monde dans lequel il "évolue" ou, plus précisément, il stagne. Les composantes de chaque sculpture définissent les composantes de l'existence, de ce qui en reste. Les « héros » ne sont plus les grandes figures chères à la tragédie classique. Pour autant l’artiste ne les rapproche pas plus de la comédie de la vie : il les débarrasse de douleurs à deux sous, trop proches d'une instance psychologique et réaliste et tend à suggérer que la sculpture devient une fonction de l’espace où elle se perd. L'Imaginaire exprime donc une crise de l'être. Ce dernier se trouve lui-même réduit à l'état d'épure. Mais selon une stratégie particulière que précise l’artiste : “La sculpture ignore la fiction. Elle n’est pas affaire de matériaux, mais d’émotion. Elle n’est pas affaire de volume ou d’espace, mais de temps. Par exemple sa « Conversation » - Place Masséna à Nice – était déjà une autre manière d’envisager le problème. Cette œuvre reste une métaphore sur la relation entre les différentes communautés qui font partie de la société d’aujourd’hui. Sept figures représentant les sept continents sont allumées de l’intérieur avec des lumières cinétiques. Les sept oeuvres passent doucement d’une couleur à l’autre en établissant un dialogue entre les figures mêmes et avec les passants qui se promènent sur la place. La disposition des oeuvres suit le parcours du tramway et donne une nouvelle lecture au voyageur en mouvement. Il peut observer les sculptures comme autant de points de repère. Comme les phares côtiers, les figures semblent veiller sur nous, nous protéger d’en haut. Sans perturber l’espace libre de la place, elles nous invitent à lever les yeux et redécouvrir aussi le ciel de la ville Me plasticien pluridisciplinaire a déjà derrière lui une importante œuvre sur papier. « L’âme des Mots » présenté à Nice en 2010 a ouvert un nouveau regard sur son oeuvre en dévoilant 91 dessins réalisés entre 1998 et 2009. Ses dessins ne sont en rien des œuvres préparatoires à ses sculptures. Ils procèdent souvent par techniques mixtes, mélangeant le crayon, la photo, créant des effets de relief, usant de matières inhabituelles comme le cirage ou des peintures aérosols. C’est très spectaculaire. Certains dessins font 2 mètres de haut et 6 mètres de large ! On y entre comme dans un espace, comme on pénètre dans la grande « Nomade » qui est une sculpture creuse composée d’une myriade de lettres d’acier soudées les unes aux autres. La facture d’équilibre créée est irritante puisqu’elle s’érige au service d’un déséquilibre. Sa surface agace subtilement par les accidents qu'elle comporte. La vie est là mais la mort aussi. . Surgit chez Plensa l’émotion absolue par l’intensité. Il y a le vertige et pourtant la lucidité, l’acuité par delà l’émotion même. Il faut glisser dans chaque oeuvre par leurs petits bouts d’amour comme il faut glisser dans les interstices des ruines de ses silhouettes ou de ses placages. L’image est envoyée et offerte en une sorte de cérémonial délétère. En les regardant avec attention on comprend combien et comment elles propulsent dans le trouble puisqu’elles indiquent le seuil d’un centre où le chemin du regard se perd en une lumière étrange. Bien des possibles affleurent sur le support là même où quelques chose résonne dans le silence, résonne continûment. Un rayonnement souvent sombre perdure. Il efface les pensées de néant en introduisant soudain non à l’origine mais dans l’origine, à l’enfance du désir et au désir d’exister même si, dans ces sculptures, un doute subsiste. Jean-Paul Gavard-Perret |