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Voyageurs en repos, 1978, Huile sur toile, 74 x 92 cm Courtesy Galerie Minsky Galerie Patrick Fourtin |
La dernière grande exposition parisienne consacrée à Leonor Fini remonte à 1986 et se tenait au musée du Luxembourg. Aujourd’hui grâce à la complicité de la Galerie Minsky, de la Galerie Weinstein (San Francisco) et de la Galerie Patrick Fourtin, le public parisien peut profiter de quelque soixante dix oeuvres de Leonor Fini retraçant toute sa carrière. A l’occasion de la 8e édition de la foire d’art moderne et contemporain, Art Elysées, la Galerie Minsky a réuni quelque vingt tableaux, dont La Visite, l’un des premiers, ainsi qu’une cinquantaine d’oeuvres sur papier, dessins érotiques et costumes de théâtre. Cette sélection offre un regard exceptionnel sur l’oeuvre de cette artiste complète et proche des surréalistes, de 1925 jusqu’à 1996, année de son décès. |
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UNE GRANDE CURIOSITé, 1983, HUILE SUR TOILE, 97x146cm Courtesy Galerie Minsky Galerie Patrick Fourtin |
Nombre de ces pièces fascinantes proviennent de collections privées et n’ont pas été vues du public depuis plusieurs années. La Galerie Weistein permet de dévoiler ces oeuvres majeures au public et de les rendre à nouveau présentes sur le marché de l’art.
Ayant rassemblé un magnifique témoignage de cette artiste autodidacte, difficile à identifier à un courant artistique, la Galerie Minsky a décidé d’en faire profiter plus longtemps amateurs et curieux, en présentant Leonor Fini Oeuvres Majeures, à la Galerie Patrick Fourtin du 20 novembre 2014 au 17 janvier 2015.
En cherchant un lieu pour son exposition, la Galerie Minsky apprend le vif intérêt de Patrick Fourtin pour l’oeuvre de Leonor Fini, les deux galeries décident alors de s’associer autour de cette figure, en faisant côtoyer cet ensemble avec des pièces de mobilier XXe siècle. La Galerie Patrick Fourtin à deux pas du Palais Royal se situe non-loin de la rue de la Vrillère où, début 1960, Leonor Fini s’installe et vit, entourée de ses amis et de ses chats, jusqu’à sa disparition le 18 janvier 1996.
En poussant la porte de la Galerie Patrick Fourtin, les visiteurs pourront voir quelque vingt oeuvres exceptionnelles présentées en roulement, parmi lesquelles L’Entracte de l’Apothéose et Voyageurs en repos. En décembre 1936, Leonor Fini est invitée à participer à l’exposition Fantastic Art, Dada and Surrealism au Museum of Modern Art de New-York.
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HOMME NOIR ET FEMME SINGE, 1942 HUILE SUR TOILE, 61x73cm Courtesy Galerie Minsky Galerie Patrick Fourtin
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La Même année, le marchand Julien Levy lui propose une exposition dans sa galerie à New York avec Max Ernst. C’est dans cette perspective que Leonor Fini commence une série de peintures à l’huile au style très maîtrisé et précis. Le thème de l’indépendance féminine y est confirmé. L’entracte de l’Apothéose est l’une des pièces maîtresses de cette période.
Dans cette oeuvre, Leonor Fini se représente, prenant part à des jeux mystérieux en compagnie d’autres femmes. Elle exhibe son corps nu devant trois femmes plus âgées, qui s’attifent en la fixant des yeux, trois furies de la Grèce antique, trois sorcières haineuses pour une très païenne apothéose.
Quant à Voyageurs en repos, il compte parmi les tableaux préférés de Leonor Fini ; il est resté volontairement dans la chambre de l’artiste pendant de nombreuses années. Ce tableau semble posséder une résonnance personnelle : écho de l’accident de Trieste de 1926 où elle dut garder les yeux bandés pendant deux mois et demi à cause d’une grave conjonctivite ; c’est à ce moment-là qu’elle arrêta ses études de droit pour se consacrer à l’art. Cette peinture est peut-être une métaphore de l’abandon de sa carrière de juriste pour celle d’artiste? Elle refusa toujours de vendre ce tableau car elle y voyait une image d’elle et de Kot « unis pour l’éternité ». Cette oeuvre s’avère également représentative d’une période où Leonor Fini abandonne la clarté du début des années 1970, au profit d’une atmosphère de pénombre. Une aura de mystère baigne les oeuvres de ces années. Au sous-sol de la Galerie Patrick Fourtin, dans une ambiance feutrée telle celle d’un cabinet, des oeuvres sur papier représentant des sujets érotiques et des costumes de théâtre complèteront la sélection du premier étage. Leonor Fini réalisa, en effet, beaucoup de costumes pour le théâtre, le ballet et l’opéra : Le Palais de Cristal de Georges Balanchine, à l’Opéra de Paris, Les Demoiselles de la Nuit de Roland Petit, au théâtre Marigny, L’Enlèvement au Sérail, à la Scala de Milan, Tannhaüser, à l’Opéra de Paris (1963), Le Concile d’Amour d’Oscar Panizza, au Théâtre de Paris (1969). Cette exposition met en lumière la dextérité et la créativité de cette artiste qui avait son propre musée imaginaire, qui savait tout faire, et qui s’amusait aussi beaucoup à travers son art. |
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Portrait de Gogo Schiaparelli, 1936 Huile sur toile, 100 X 73 cm Courtesy Galerie Minsky Galerie Patrick Fourtin |
Biographie Leonor Fini
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Née à Buenos Aires le 30 Août 1907, Leonor Fini passe son enfance à Trieste auprès de sa mère, de ses grands parents et de son oncle. La famille Braun est très liée à l’intelligentsia triestine : Italo Svevo, Umberto Saba et James Joyce. Elle ne fréquente aucune école d’art et sa formation est entièrement autodidacte. Elle expose, pour la première fois, à l’âge de dix-sept ans, à Trieste, lors d’une exposition collective et, à cette même époque, au cours d’un séjour à Milan, elle rencontre les peintres Funi, Carra, Tosi et découvre l’École de Ferrare, celle Lombarde, ainsi que les maniéristes italiens. En 1931, Leonor quitte sa famille et s’établit à Paris où elle présente, l’année suivante, sa première exposition personnelle à la Galerie Bonjean, dont Christian Dior est le directeur. Elle se lie d’amitié avec Henri Cartier-Bresson, André Pieyre de Mandiargues, Georges Bataille, Max Jacob, Paul Eluard, Max Ernst, sans jamais cependant appartenir au groupe surréaliste. En 1936, elle effectue son premier voyage à New York où elle expose à la Julien Levy Gallery et participe à la célèbre exposition Fantastic Art, Dada and Surrealism, au Museum of Modern Art. En 1939, elle organise pour son ami Leo Castelli une exposition de meubles d’artistes surréalistes, tels qu’elle-même, Dali, Meret Oppenheim, Max Ernst, à la galerie René Drouin, Place Vendôme. À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, elle quitte Paris avec son ami Mandiargues, passe une partie de l’été 1939 en compagnie de Max Ernst et de Leonora Carrington dans leur maison en Ardèche, puis part vivre à Arcachon auprès de Salvador et Gala Dali. En 1940, elle vit à Monte-Carlo où elle peint principalement des portraits, activité qu’elle poursuivra jusqu’au début des années soixante. |
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HOMME NOIR ET FEMME SINGE, 1942 HUILE SUR TOILE, 61x73cm Courtesy Galerie Minsky Galerie Patrick Fourtin |
Ses portraits préférés sont ceux de ses amis : Anna Magnani, Maria Felix, Suzanne Flon, André Pieyre de Mandiargues, Leonora Carrington, Meret Oppenheim, Jean Genet, Jacques Audiberti, Alberto Moravia, Elsa Morante. En 1941, elle fait la connaissance de Stanislao Lepri, consul d’Italie à Monaco, qu’elle incite à devenir peintre. Lors de la libération de Rome, en 1943, elle s’installe avec lui. De retour à Paris, en 1946, elle retrouve son ancien appartement de la rue Payenne. En 1952, elle rencontre l’écrivain polonais Constantin Jelenski avec qui elle partagera désormais sa vie. Les années d’après-guerre resteront pour le grand public celles de l’entrée en scène de Leonor Fini : création de masques, participation à de nombreux bals costumés, décors et costumes. L’été 1954, elle éprouve un véritable coup de foudre pour un lieu très sauvage, proche de Nonza, en Corse ; elle s’y installe dans un ancien monastère franciscain en ruine où désormais elle peint chaque été. Passionnée de littérature et de poésie, Leonor illustra plus d’une cinquantaine d’ouvrages, dont les oeuvres de Charles Baudelaire, qu’elle admirait profondément, celles de Paul Verlaine, de Gérard de Nerval, d’Edgar Allan Poe.
De nombreux écrivains et peintres lui ont consacré des monographies, des essais, des poèmes : Paul Eluard, Giorgio de Chirico, Mario Praz, Max Ernst, Yves Bonnefoy, Constantin Jelenski, Jean-Claude Dedieu. Début 1960, Leonor Fini s’installe à Paris, dans un appartement rue de la Vrillière, entre le Palais Royal et la Place des Victoires. Elle y vécut, entourée de ses amis, de ses chats, jusqu’à sa disparition le 18 janvier 1996.
D’importantes expositions rétrospectives ont été consacrées à Leonor Fini et à son oeuvre : - Belgique (1965) : Casino communal, Knokke le Zoute - Italie (1983) : Galleria Civica d’Arte Moderna, Palazzo dei Diamanti, Ferrare - Italie (2009) : Museo Revoltella, Trieste - Japon (1972-1973) : Seibu Muséum de Tokyo, musée Hanshin d’Osaka, musée de Fukuoka, musée d’Hiroshima, musée de la Préfecture de Kanazawa - Japon (1985-1986) : Musée d’Art Sogo de Yokohama, Musée d’Art Daimaru d’Osaka, musée municipal d’Art de Kitakyu-shu, musée d’Art moderne d’Hokkaïdo à Sapporo - Japon (2005) : The Museum of Modern Art, Gunma, Daimura Museum, Umeda - Etats-Unis (Weinstein Gallery, San Francisco, (2001-2002, 2006, 2008) CFM Gallery, New York, (1997, 1999) - France, au Musée du Luxembourg, Paris (1986), à la Galerie Dionne (1997), à la Galerie Minsky (1998, 1999-2000, 2001, 2002, 2004, 2007, 2008) - Allemagne, au Musée Panorama, Bad Frankenhausen (1997-98) - Suède, une rétrospective Leonor Fini, Pourquoi pas ? à Bildmuseet, à Umea, capitale européenne de la culture pour l’année 2014. De nombreuses oeuvres de Leonor Fini ont également été présentées dans l’exposition Surréalisme et Rêve à la Fondation Thyssen-Bornemisza de Madrid ( 2014), et au musée des Beaux-Arts de Lyon (2014) dans le cadre de l’exposition, Joseph Cornell et les surréalistes à New York : Dali, Duchamp, Ernst, Man Ray… Le Musée d’Hospice Saint-Roch, à Issoudun, présente, depuis 2008, une exposition permanente et l’installation du “Salon de Leonor Fini”. 2007: première biographie: Leonor Fini, Métamorphose d’un art, Peter Webb, éditions Imprimeries Nationale – Actes Sud.
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Galerie Minsky
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Minsky était un diminutif cher à Leonor Fini, et Arlette Souhami décide, après le décès de Leonor Fini en 1996, de fermer sa galerie, la Galerie Dionne : 500 m2 consacrés à l’artiste, rue des Saints-Pères. Elle ouvre alors la Galerie Minsky, plus petite, à dimension humaine, et chaleureuse.
Depuis trente-cinq ans, Arlette Souhami se passionne pour le travail de Leonor Fini et raconte comment elle est devenue son marchand : « Admirable, sûre d’elle, belle, dans une grande robe drapée, je fus très impressionnée. Leonor ne ressemblait à aucune autre femme, à aucun être humain, c’était vraiment une grande dame, d’une distinction naturelle, d’une intelligence vive; je fus aussitôt séduite et en restais muette, alors je la laissais poser des questions, et parfois, timidement, je répondais. Très vite, elle me provoquait, me défiait avec une grande subtilité.
Afin de lui être agréable, j’essayais de me surpasser. A la fin de notre entretien qui ne fut qu’un long monologue, Leonor décida qu’il fallait que nous nous revoyions très rapidement, et là j’ai compris qu’elle m’avait choisie, elle avait décidé pour moi, sans que je m’en aperçoive, que je deviendrais son marchand. Personne ne pouvait résister à Leonor Fini lorsqu’elle l’avait décidé. Très vite nous sommes devenues des amies, avec une grande complicité. »
En 2010, la galerie Minsky a volontairement fermé ses locaux rue de l’Université pour se consacrer aux expositions muséales de Leonor Fini. Elle continue son activité en recevant ses clients sur rendez-vous en appartement. Grâce à Leonor Fini, elle peut défendre d’autres artistes. Certains ayant apporté une grande contribution à l’histoire de l’art, tels Max Papart, Yuri Kuper ou Henri-Jean Closon, et d’autres plus jeunes, ancrés dans leur temps, tels Win Knowlton, Dongfang Tuqin ou encore Pietro Pietromarchi, Geneviève Hugon et Karen Swami.
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Galerie Patrick Fourtin
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Installé depuis le milieu des années 1990 à quelques mètres des grilles du Palais-Royal, Patrick Fourtin a toujours eu à coeur de sortir des sentiers battus. Il sera par exemple, dès 2004, le premier à consacrer une exposition solo au créateur américain Paul Evans désormais reconnu et célébré par la critique à travers le monde. Depuis plusieurs années, Patrick Fourtin s’est ouvert à des artistes contemporains, comme le sculpteur Nathanaël Le Berre, lauréat du prix de la Fondation Bettencourt-Schueller pour l’Intelligence de la Main 2014, le designer Majd Bazerji, ou encore le photographe Louis Delbaere à qui il consacra une exposition lors de Paris Photo 2012. La galerie continue de défendre les plus célèbres artistes et designers des années 30 aux années 90, André Arbus, Jacques Emile Ruhlmann, André Dubreuil, Jean Michel Frank, Karl Springer... |
Remerciements à Anne-Sophie Philippon pour la qualité son dossier de presse |