Les androgynes de Korehiko Hino

ecrits sur l'art

Korehiko Hino Korehiko Hino peint des personnages jeunes plutôt androgynes : il n’est pas toujours facile de discerner s’il s’agît de garçons ou de filles. Le sexe demeure donc indéfini et les âges quoique d’aube sans marquage précis. L’œuvre prend un caractère féérique par le traitement du visage. La bouche et le nez restent « normaux ». Les yeux le seraient aussi sans leur aspect démesuré par rapport au réel. Ils se veulent selon l’artiste les « fenêtres de l’âme ». Ils portent sa lumière, sa couleur même si toujours selon l’artiste ils ne sont le signes ni d’émotions ou de pensées. C’est au regarder de « remplir de sens » de tels regards que l’artiste peint toujours d’une manière qu’il nomme « inexpressive ». Néanmoins il existe dans de telles saisies une réelle magie.

 

La fixité de regard crée un paradoxal mouvement. Il  fustige nos certitudes et nos mentalité de propriétaire par la maîtrise d’une peinture qui ne tourne pas le dos à la source silencieuse d’un secret intime dont rien ne sera dit. Rien  si ce n’est le regard qui déborde et semble - en dépit de ce qu’affirme l’artiste - ému. Les yeux semblent calligraphier des lendemains comme les traces irrévocables d’un passé. Mais de ces deux axes nous ne saurons rien. Les globes oculaires semblent brûler comme des feux grégeois qui amarrent les vagues surgies de profondeur à la lente révolte de leurs gréements. Les êtres semblent traverser la vie en ignorant  ce qu’ils portent en eux : à savoir  la forme entière de la condition humaine et son énigme. Ils n’en souffrent pas mais n’en sont pas plus satisfaits. Un étonnement interrogatif demeure et la poésie de la peinture sert à renoncer à se suffire du peu qu’on est en devenant la résonance pour vivre en soi ce qu’on se cache.
En ce sens une telle peinture nous est solidaire. Elle fortifie sinon une morale de vie du moins une forme d’éthique. Elle pénètre faisant corps à nos faiblesses et nos manques.  L’expression du réel ne délivre pas d'image réaliste mais son substitut, son dénigrement et une altérité confondante dans une certaine forme d’ironie mais aussi de gravité mâtinée de pudeur. Sans la moindre boursouflure et hors finesse stylistique l’être est traité de manière naturiste et avec une forme de recul. Jamais marqués par le temps les personnages ne lui échappe pas pour autant. Chaque portrait est nimbé d’une attente lesté d’une pointe de désir diffus. En quelque sorte les portraits deviennent les antichambres du réel en le poussant vers une postulation aussi flottante que paradoxalement « réaliste ».

Les peintures de Korehiko Hino n'enferment pas. Elles ouvrent en dégageant de notre esprit de sa programmation et en cultivant la surprise et l’interrogation. En dépit de la répétition presque sérielle de portraits qui se ressemblent, chacun propose une nouvelle rencontre qui pourrait suggérer une nouvelle histoire d'amour. Et peu importe si une telle histoire finit mal en général. La peinture crée  une nouvelle passerelle, un nouveau passage, un nouveau coup de foudre. Par sa simplicité elle pénètre notre imaginaire en ce qui tient d’une fantasmagorie revenante de notre inconscient incarcéré.
 
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 Korehiko Hino aiguise la jubilation et la peur par des propositions qui reviennent comme reviennent les revenants. On comprend alors pourquoi de telles peintures plaisent aussi aux enfants. Elles deviennent les signaux plastiques d’un puzzle. Peu à peu ils s’assemblent pour permettre d’entendre en soi un moi inconnu, un moi enfant qui  colle à notre peau et notre chair.

Dans cette jubilation (même lorsque la détresse est proche) existe la croyance que la vie l’emporte sur la mort. La jeunesse est là pour le prouver. Mais cette peinture fait plus. Elle désenfouit aussi les identités sexuelles programmées, ses filons sensibles programmés et ses convocations socialisées. Et lorsqu’ils sont en divers types de couples ou de groupes les personnages forcent à une étrange méditation là où sont fustigés nos certitudes et nos mentalités.
 
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Des codes spécifiques des genres surgit une brèche dans le réel rendu à l’aventure, c’est comme un anneau de Moebius entre deux rails de convention. Alternativement le féminin et le masculin  sont maîtres et serviteurs l’un de l’autre. L’un devient confidente de l’autre et vice versa. Les deux sont vacants, ouverts à l’androgynie qui possède la puissance insidieuse d’infiltrer les sensations accordées à l’un ou l’autre genre. Ils sont ici conjoints en divers types de liaisons.

La sérénité n’est plus ce qu’elle était parce que les personnages ne sont plus à leur « place ». Néanmoins Korehiko Hino n’est pas un créateur du déchirement mais celui de la fêlure. Le non dit garde tout loisir de se « montrer ». L’artiste ne s’en prive pas. Quelque chose contraint la pensée à plier sous des visages embrassant et embarrassant de leur perplexité tout l’espace. Nous voici dans le moins du couple (sororal, filial ou marital)  plutôt que dans son intégralité. L’occurrence de l’oeuvre est donc un défi entre l’art et le réel. Le premier en sa saisie ne se veut pas témoignage mais la mise en scène du second par un suspens - écho visuel de l’étrange que constitue toute forme de dualité.

L’artiste (et c’est là où une féminité chez lui apparaît le plus) cherche donc à  rapprocher deux « protagonistes » disjoints dans  une course effrénée contre les jours. Même si les personnages sont immobiles ils posent comme s’il s’agissait justement  de regarder au plus secret d’eux-mêmes où se joue un duo d’amour : celui du féminin et du  masculin unis en une même entité et dans un monologue dialogue silencieux.  L’artiste en tire l’appel le plus intime  afin que surgisse l’azur vivace d’un jardin où telle une plante hybride l’être cultive ses deux moitiés à l’aurore du temps. Bien avant donc que,  le soir venant, les vols des oiseaux nocturnes s’appesantissent.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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