LE MONDE EST EN PANNE D'UNE PENSÉE POUR LE MONDE |
Barthélémy Toguo, Roger délivrant Angélique I, |
Le monde est désenchanté. Il ne s'agit pas là d'adopter une position romantique et nostalgique d'un Âge d'or perdu, mais de lire ce monde à travers le prisme d'une histoire qui cumule les drames, les conflits, les guerres et qui semble aspirer notre civilisation dans le tourbillon du chaos. La violence du capitalisme économique est telle qu'on assiste à un repli des individus sur eux-mêmes qui ne sont ni portés par un projet de société, ni par un idéal ambitieux. Le monde est en panne d'une pensée pour le monde pour paraphraser le titre de l'exposition de la Maëlle Galerie. Les artistes, véritables vigies et oracles des temps modernes, sont là pour alerter et éveiller les consciences. « L'art n'est pas une réjouissance solitaire et l'artiste a un rôle à jouer dans la société » revendique Barthélémy Toguo. Il est là pour relayer « le grand cri des peuples qui souffrent » comme il l'illustre encore aujourd'hui dans cette exposition réunissant cinq artistes relatant des récits fragmentés où les valeurs humaines sont incompatibles avec une mondialisation qui broie allègrement sans critère de justice sociale. Et pourtant, cet ordre mondialisé tant souhaité par H. G. Wells dans son livre éponyme a de quoi séduire tel qu'exprimé par un George Bush à la tribune du Congrès le 11 septembre 1990, promettant « une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de justice et plus sûre dans la quête de la paix. » Mais voilà, ces mots ont pour seule ambition d'entretenir une illusion et de manipuler un peuple désorienté et dépolitisé, un jeu dans lequel les politiques brillent. Avec ironie et cynisme, Orlando Britto Jinorio condamne une telle mainmise dans sa série de photographies Being Horse, où il se met en scène en cheval, un mors dans la bouche. Une métaphore de la condition humaine. |