Livre Jo Vargas par Hugo Lacroix

ecrits sur l'art

NOIRE SŒUR
JO VARGAS ou le silence Habité des images
« Jo Vargas » par Hugo Lacroix, coll. “Les Irréguliers”, Editions de la Différence, Paris.

Les portraits de Jo Vargas semblent parfois des visages marqués de veines noires  pour arracher aux corps son marbre. Ces visages sont beaux à voir. Leur regard grave fait signe. Chacun de nous est proche de l’un d'eux. L’artiste est proche ainsi d'elle-même. Pourtant dans tous ces assemblages on se demande encore qui est proche de qui.  Eurydice peut-être. On ne sait pas. Lumière sur des traces de cendres. Seul le feu peut les lire.

Rue Dumoncel où l’artiste travaille des poignées d’images ressuscitent les morts. Mais aussi des vivants. Elles montrent l’attente et le trouble. L’envie tapie sous la poussière de corps harassés de fatigues journalières. Images, images : ce terme est impropre lorsque Jo Vargas s’en empare pour arracher des figures et les révéler.  Elles sont rapportées contre le temps, viennent pour nous toucher. Nous offrir l’amitié. Ou la solitude. Elles sont de la famille et donnent du fil à retordre à l’obscurité de chaque jour puisqu’elles sont sauvées par la magie re-créatrice.

Clic-clac d’un geste. Mais il est le fruit d’une immense patience. Jo Vargas  n’extrait pas le portrait au réel. Elle lui donne un nouveau départ. Elle est là. Avec lui. Voudrait que le monde aille un peu moins vite, un peu moins mal. Ces visages sont des soirs qui tombent. Et lorsque Paris est un jour un peu gris toute une lumière habite le désordre de l’atelier. Dans un coin une petite mallette semble avoir essuyé bien des intempéries. Des livres, des photographies, des cendriers, des cigarettes. L’artiste est ici à sa place.

Comme elle est en chacun de ses portraits. Dans sa fragilité. Prête à accueillir tout ce qui pourrait lui être demandé. Mais elle est le refus aussi. Elle renie certaines histoires, certaines larmes, certains livres. Accueillir c’est aussi s’enfermer. Le mystère est évident.  L’évidence est un mystère. Et que cela ne soit pas pris pour une commodité de la conversation ou un jeu d’esprit. Pendant ses nuits de veille la créatrice lutte contre le temps et sa dépression par revers. Pour elle le malheur grandit en même temps que le sommeil arrive : la maladie de l’être ne fond  pas dans le sommeil.

Beaucoup rêve de cette disparition. C’est pourtant là que tout commence. L’éveil laisse le souvenir d’un amour perdu avant qu’il aît pu advenir. Il rend la fin de la nuit toujours incertaine. Et dans son livre sur l’artiste, Hugo Lacroix l’a parfaitement compris, faisant le portrait de l’artiste en « animal nocturne ». Dans l’attente du jour elle donne une vie sombre aux traits obscurs de la vie. Cela rend un passé contemporain de n’avoir jamais été vécu. Dans un autre coin de Paris sa jumelle crée des romans sombres.

A elles deux, noirs sœurs. Mozart métamorphose la nuit fourmillante de visages. Longueur de certains corps d’inconnus quand l’art redevient simple, accessible.  Le moi est nu. Le moi pas le corps. Chacun, dedans, demeure unique. Douleurs impartagées. Jo Vargas leur donne un autre corps plus subtil. La lumière entre dans leur caverne. Silence d’une clarté sombre : savoir et ne pas savoir dans le même temps.

Montagne intérieure dans l’atelier. Immobile abondance. Lumière  d’un moi obscur. Le noir mystère de l’artiste l’illumine : pierre de lune ouvrant les portes du soleil. Quels sont ses êtres qui se souviennent de leur oubli ? La créatrice le découvre en ne parlant pas du squelette mais des yeux. Elle noue le rauque de la voix au rêche de la fumée de cigarette. Comme celle qui sort du revolver qui vient de tirer.

Oui Jo Vargas fume. Comme les hommes fument après l’amour ? Le feu se nourrit de l’ombre. Un  trait noir vient épaissir un visage. La nuit se consume sous un fond d’opéra. Plus tard il y aura l’obscur soleil de l’aurore. L’artiste aura enfin les yeux plombés pour les ressourcer et accueillir d’autres seuils. Le matin respire en dormant sur ses lèvres entrouvertes. Vers midi Jo Vargas ouvre la nuit. Elle ne compte pas les jours, elle sait. Ses lignes noires sont des fibres de lumière.

Leur mystère crée la figure cachée. Au fond des mains de l’artiste la vie et son mystère. L’insondable jaillit jusqu’au regard. Un temps à côté d’un autre temps. Mais le même présent circule dans divers corps. Le vif saisir la mort. L’inverse est vrai aussi. Le sang coule noir dans cette vision du monde. Ce qui échappe l’artiste le voit. Le silence de ses images reste une vibration.. Les ombres, les corps, les regards se mélangent, se fondent, s’échangent. Sans perdre une seconde leur écart. Le cri de chaque âme est plus aigu que celui des oiseaux.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

LE MUSEE PRIVE

Tél: (33) 09 75 80 13 23
Port.: 06 08 06 46 45

 
Patrick Reynolds
 

 Patrick Reynolds
Directeur de publication

 

e mail musee prive

 

sur rendez-vous à la demande

Artwork for sale on Artprice

Découvrez notre espace sur artprice

Artwork for sale on Ebay

Découvrez notre espace sur ebay

Découvrez notre espace sur Artsper

我們向連接到我們站點的中國朋友致敬:中國有重要的文化傳統。

FACEBOOK LE MUSEE PRIVE

FACEBOOK PATRICK REYNOLDS

FACEBOOK PATRICK REYNOLDS FAN CLUB LE MUSEE PRIVE


CHERCHER SUR NOTRE SITE