Isabelle Malmezat nous parle de son expérience ( https://www.lelivredart.com ) |
Pourquoi avoir voulu publier un livre sur votre travail ? On sait qu’il est important pour un artiste de documenter son parcours artistique de parutions diverses, livres, catalogues, témoignages d’une époque, d’une période ou d’un travail spécifique. Tous les artistes ou presque aimeraient le faire, certains le font et beaucoup ne le font pas faute de moyens, d’idées, d’informations… J’ai quelques parutions, un livre, plusieurs catalogues, des petites choses… Mais rien de très récent. J’avais l’idée depuis longtemps de refaire un livre, assez fourni et documenté, mon travail avait évolué, il fallait quelque chose… Mais c’est une entreprise qui demande des sous, du temps, des conseils… J’avais beaucoup de travail donc j’ai remis ça à plus tard. Puis le moment est venu et j’ai pensé à faire les choses différemment et à demander la collaboration d’un véritable éditeur de livres d’art qui m’offrirait non seulement l’ensemble des compétences techniques requises mais plus encore une vue d’ensemble sur le monde artistique actuel. Vous avez organisé une souscription pour votre livre, comment cela s’est-il passé ? Au début du projet, je n’étais pas très encline à faire une souscription. L’idée était très loin de moi. J’avais le sentiment que cela signifiait « demander » de l’argent, voire « quémander » ! Je n’imaginais même pas à qui envoyer cette souscription ni qui cela pouvait bien intéresser. Myriam [la directrice éditoriale, ndlr] m’a convaincue. Elle m’a dit qu’une souscription ne consiste pas seulement à demander une aide financière, mais que les gens qui contribuent le font car ils sont réellement intéressés et ont à cœur de suivre le travail de l’artiste, de contribuer à sa visibilité. Beaucoup de projets d’édition d’art s’accompagnent en effet d’une souscription. Lelivredart a donc créé un document présentant le projet du livre. Mes contacts ne sont pas très nombreux. J’ai envoyé ce document à une centaine de personnes ce qui n’est pas énorme. J’ai également mentionné ce projet sur mon site et l’ai posté sur Instagram et Facebook. Au final, la souscription m’a permis de réunir un peu plus d’un quart du budget et j’ai décidé d’en profiter pour augmenter le nombre de pages. |
Ecrits sur l'art
La Nouvelle Objectivité par Martine Manfré Itzinger Une réponse des artistes aux changements de l’après guerre
Pourquoi devenir collectionneur d’art ?
Le dessin dans tous ses états par Julia Cserba
Hey ! Le dessin, Halle Saint-Pierre, Paris « Le dessin est père des trois arts… » -disait Giorgio Vasari. Pourtant pendant très longtemps il n’était considéré que comme une étape préparatoire, comme esquisse. Il n’y a pas longtemps même les grands collectionneurs des œuvres contemporaines, ainsi que les grands musées préféraient voir dans leurs collections des peintures, des sculptures et des installations au détriment des dessins. Heureusement il y avait toujours des amateurs d’art professionnels et particuliers avisés qui malgré le contre-courant ont défendu avec détermination et avec constance le dessin en le considérant comme art majeur. A nos jours grâce à eux l’attention de plus en plus de galeristes, muséologues et commissaires d’exposition se tourne vers cette magnifique discipline artistique. Après plusieurs expositions préalable La Halle Saint-Pierre en collaboration avec la revue Hey ! et sous le commissariat de Anne Richard récidive avec le Hey! Le dessin. A travers les œuvres de soixante participants venus de trente pays le visiteur peut découvrir la diversité du dessin dans le domaine technique, matériaux, style et motivation. Des dessins sur des feuilles d’arbre des soldats inconnus de la Grande Guerre, en passant par des dessins sur porcelaine de Sergei Isupov jusqu’aux œuvres à l’encre de chine rappelant à l’expressionisme allemande de Marcos Carrasquer ou des soucoupes volantes (OVNI ?) de couleurs vives en feutre de Ionel Talpazan, un large éventail montre la complexité et la diversité de ce moyen d’expression aussi ancien que l’humanité. A côté des dessins faits par des artistes formés dans des écoles des arts sont présents des œuvres des incarcérés japonais condamnées à mort, des malades dépressifs, des tatoueurs et des tagueurs. Ce qui m’a interpellé le plus c’étaient les dessins de Laurie Lipton dont j’ai jamais eu l’occasion de voir qu’en reproduction. Ils sont inspirés par les grands maîtres comme Dürer, Memling, Van Eyck Rembrandt et Goya, mais traitent les sujets contemporains. Laurie Lipton est née aux Etats Unis, où elle obtenu son diplôme des beaux-arts en dessin à l'Université Carnegie-Mellon en Pennsylvanie. Après avoir passé trente-six ans en Europe, notamment aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni et en France, elle a retourné dans son pays natal. Avec un regard d’un quasi-étranger elle est devenue très critique envers la société américaine. |
Par Martine Manfré Itzinger L’art est-il sexué ?
Depuis l’accrochage « Elles » de 2009 à Beaubourg, dédié aux femmes artistes (il s’agissait bien d’un accrochage des collections permanentes et non d’une exposition temporaire) je ne cesse de m’interroger : pourquoi distinguer les artistes ‘’femmes’’ et les singulariser par leur sexe ? L’artiste est avant tout artiste au travers de son art et non de son genre et il me semble que désigner les artistes par leur appartenance à un genre, en l’occurence parce qu’il est féminin et non masculin, plutôt que par leur art seul, est plus réducteur que valorisant. On se doit de remarquer que personne ne se sent obligé de préciser qu’il s’agit d’un artiste ‘’homme’’ lorsque l’on parle d’un artiste de sexe masculin. Alors pourquoi une telle sexualisation de l’art lorsqu’il s’agit d’oeuvres produites par une femme? Cette distinction n’est-elle pas une forme de stigmatisation? Si une oeuvre nous plait, nous plait-elle parce qu’elle a été produite par un homme? Par une femme? Ou par l’artiste qui a su nous émouvoir? Il faut faire beaucoup d’effort pour relever les noms des femmes peintres reconnues comme telles avant le XVIIème siècle. Dans les documents officiels du XIV au XVIIème siècles, il est possible de trouver des noms de femmes mais elles sont répertoriées comme «épouse d’artiste ou d’artisan parisien» mais non en tant qu’artiste. Au XIVème siècle, Boccace fait exception (1) et cite trois femmes, Martia, Timarète et Irène, pour leur activité artistique remarquée. Il faut ensuite attendre le XVIème siècle pour que Giorgio Vasari (2) fasse mention de Properzia de Rossi de Bologne comme une artiste remarquable (1490-1530), sculptrice de son état. On peut ensuite mentionner Artemisia Gentileschi (1593-1656) brillante peintre caravagesque comme artiste qui a largement marqué les esprits puis Rosalba Carriera (1675-1757), peintre vénitienne qui introduisit la mode du portrait au pastel en France. Deux femmes sont parvenues à passer le seuil de la prestigieuse Académie : Rosalba Carriera, reçue en 1720 sur demande de Louis XV et Elisabeth Vigée-Lebrun, admise en 1783. Properzia da Rossi, Joseph et la femme de Putiphar, |
Illya Répine (1844-1930) : Changer l’art ! Changer le monde ! Par Martine Manfré itzinger
MARY REYNOLDS. ARTISTE SURREALISTE ET AMANTE DE MARCEL DUCHAMP PAR CHRISTINE ODDO
Eduardo Carvalho un jeune artiste brésilien invité à exposer au Louvre ! par Martine Manfré itzinger
Hommage à Geneviève Asse par Martine Manfré-Itzinger
Hommage à Boltanski
Christian Boltanski nous a quitté ce 14 Juillet 2021. Lui qui, toute sa vie nous a parlé de la mort, il l’a finalement rencontrée. Cet artiste autodidacte, hanté par la shoah s’est questionné tout au long de son parcours sur les souvenirs, vrais ou inventés, le temps qui passe et finalement l’issue fatale qui le fascinait autant, sans doute, qu’il la craignait Avec ses murs entiers, de photos souvenirs, de boites métalliques, d’archive ou de gâteaux, de vêtements usagés comme des enveloppes vides mais aussi des souvenirs de vie, il nous conduisait à réfléchir sur la question du temps et la valeur des souvenirs. Ses installations captaient des instants qui ne lui appartenaient pas vraiment. Parfois instants heureux qui construisaient pour lui une vie imaginaire au travers des souvenirs des autres. Parfois souvenirs de l’horreur, qu’il n’a pas vraiment vécue, caché mais pas déporté. Il s’est sans doute considéré comme un survivant chanceux (mais pourquoi lui plutôt qu’un autre?) qui aurait préféré ne pas voir et qui ne pouvait s’empêcher de nous montrer...Pour ne jamais oublier. Boltanski m’a émue jusqu’aux larmes dès ma première confrontation, dans la Réserve du Musée des enfants I et II installée au sous sol du MAM de Paris, et que je ne manque jamais de revoir à chacune de mes visites dans ce musée. Depuis ce jour, fascinée par cet être unique, je n’ai eu de cesse de transmettre mon enthousiasme pour cet artiste tellement sensible mais aussi un brin provocateur, qui a même réussi à vendre ce qui lui restait de vie en viager! J’ai voulu rendre hommage à Christian Boltanski aujourd’hui, pour ce qu’il a été mais aussi pour ce qu’il m’a permis de devenir. Martine Manfré Itzinger |